Publié le 28 Février 2016

Le parcours du prophète de Nazareth est raconté à travers une minutieuse reconstitution historique, moyennant une dramaturgie habile et un style alerte. Les faits évoqués sont de prime abord assez connus – banalisés par deux millénaires de christianisme –, mais le Jésus et les disciples dépeints dans ce roman peuvent surprendre même des connaisseurs avertis. Et la description de la première communauté chrétienne de Jérusalem – dont les désaccords ont revêtu des enjeux décisifs – est particulièrement instructive.

 

Accablé par l’iniquité régnante et l’occupation romaine, rêvant de justice et de paix, le petit peuple attendait fiévreusement l’avènement du Royaume de Dieu. Tandis que des activistes prônaient la révolte armée, diverses sectes préconisaient la radicalisation religieuse. Jésus, persuadé de l’imminence de la fin des temps, s’est tenu à l’écart de ces extrêmes et a appelé ses auditeurs à se convertir pour hâter le jour du salut – notamment par une confiance absolue en la Providence, par une bienveillance universelle, et par le service des humbles. Tout en condamnant le ritualisme, il suivait la Loi et fréquentait les synagogues et le Temple. Mais, pour finir, sa critique du système religieux et des élites qui en profitaient lui valut d’être crucifié. L’apocalypse attendue ne s’est pas produite, et la petite communauté qui a survécu à cette tragédie a peiné à trouver sa voie. Se repliant sur l’héritage judaïque, le noyau formé autour de Jacques, le frère de Jésus, a fini par disparaître cependant que les Juifs hellénisés se sont sentis appelés à diffuser l’Évangile parmi les nations.  

 

Somme toute, le Jésus d’Olivier Merle semble refléter d’assez près le Jésus de l’histoire. Pour essayer de le cerner, l’auteur a éclairé son empathie de romancier par une approche scientifique des plus rigoureuses – notamment exégétique. S’il a ignoré certains récits comme la nativité ou la résurrection qui ont ultérieurement servi de fondements à la foi chrétienne, c’est parce que la crédibilité de son roman était à ce prix, en amont des constructions théologiques. On ne s’étonnera pas que cet ouvrage pose, avec un tel choix, plus de questions qu’il n’en résout… Mais le Jésus dépouillé qu’il présente a, de façon inattendue, ouvert les portes du Royaume annoncé. Malgré le dramatique échec du Golgotha et sous le signe de cette épreuve vécue dans la foi, la divine humanité du Nazaréen a dévoilé, pour toujours, un horizon lumineux au-delà des sombres chemins de la Palestine d’alors.

 

Olivier Merle offrira-t-il à ses lecteurs une suite avec l’apôtre Paul qui, grâce à sa fougue et à sa créativité théologique, a impulsé la fulgurante expansion transculturelle au christianisme ?

 

Jean-Marie Kohler

Le Fils de l’Homme, Olivier Merle

Éditions de Fallois, Paris, 2015, 495 p., 22 euros

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Rédigé par jonasalsace

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Publié le 21 Février 2016

Alors qu’il venait de célébrer une messe à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis en solidarité avec les migrants, le pape François a été interrogé par les médias sur le projet de Donald Trump d’ériger un mur entre les deux pays et d’expulser des millions d’immigrés. « Celui qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétien », a-t-il, déclaré, visant implicitement le candidat aux primaires républicaines pour l’élection présidentielle américaine. En septembre 2015, le pape s’en était déjà pris à ceux qui érigent des murs à propos du gouvernement Orban en Hongrie qui a fermé les frontières de son pays aux réfugiés.

 

En même temps, en Allemagne, la chancelière fédérale, Angela Merkel, fait face avec ténacité à ceux qui lui reprochent d'avoir accueilli trop de réfugiés fuyant les guerres.

 

Certains soutiens du républicain D. Trump se disent chrétiens évangéliques. Certains opposants à A. Merkel se réclament du christianisme social.

 

Et il y a tous les autres. Ces milliers de personnes qui participent à l'accueil des migrants en France, notamment à Calais, et un peu partout en Allemagne. Et tous ces anonymes qui soutiennent de leur obole les associations au service des migrants.

 

Quelques responsables religieux se font aussi entendre. En Angleterre, ils invitent David Cameron à accueillir davantage de réfugiés syriens. Mgr Czeslaw Kozon, évêque de Copenhague, désapprouve la réforme de l’asile votée par le parlement danois en janvier 2016 qui vise à durcir les conditions d’accueil des migrants.

 

En France les responsables politiques ne veulent pas choquer l'électorat d'extrême droite en n'évoquant pas publiquement le problème des réfugiés. Pourtant, pour gagner une élection n'est-il pas préférable d'avoir un idéal et  une parole franche, même s'ils déplaisent à à une frange de la population, extrémiste ou intégriste ? Qu'en pense la conférence épiscopale de notre pays ?

 

Certains évêques parlent volontiers de l' "année de la miséricorde". Cette annonce n'implique-t-elle pas pour l'Eglise qui est en France un passage à l'acte, en l'occurrence l'élaboration en toute urgence d'un plan d'accueil massif des réfugiés, ceux qui sont bloqués aux portes de l'Union européenne et ceux qui prendront la route de l'exil au printemps prochain ? Il ne s'agit pas d'improviser et encore moins de fermer les yeux. Mais de prévoir...

 

Ces enfants, ces femmes et ces hommes ruinés par les passeurs et rescapés des naufrages devront-ils encore attendre longtemps pour pouvoir se reposer dans ces terres que la tradition appelle encore "chrétiennes " ?

 

La période de carême que l'Eglise nous propose est un moment particulièrement propice à la réflexion et à la conversion. En démocratie il n'est pas défendu de témoigner de l'amour du prochain, non seulement en paroles mais aussi en actes,  surtout pour ceux qui se disent disciples de Jésus...

 

Jean-Paul Blatz

 

19 février 2015

 

 

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Rédigé par jonasalsace

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Publié le 15 Février 2016

En 2014, ils étaient 6 millions de catholiques à venir écouter le pape à Rome. En 2015, il n'étaient plus que 3 millions. A Lourdes, le nombre de pèlerins a diminué d'un quart en 5 ans. En 2013, des millions de catholiques, selon les organisateurs, manifestaient en France contre une nouvelle loi sur le mariage. En 2015, combien de catholiques ont manifesté pour que la France accueille plus de réfugiés ? ...

 

Entre temps il y a eu Laudato si, la dernière encyclique du pape François. Un magnifique outil pour l'annonce de l'Evangile aux femmes et aux hommes de notre temps. Une critique du libéralisme économique. Une invitation à la présence des chrétiens aux périphéries de la société, dans les luttes avec les plus démunis.

 

De quoi déplaire à tous les groupes catholiques traditionnalistes  et intégristes  (Opus Dei, Légionnaires du Christ, Chemin néocatéchuménal...) auxquels Jean-Paul II avait ouvert grandes les portes de la curie romaines. De quoi aussi exprimer leur mécontentement par le boycottage de l'évêque de Rome. Surtout que François essaie, avec fermeté et patience, de ramener la curie aux fondamentaux de Vatican II : liberté de conscience, fraternité, solidarité, justice...., autant de valeurs évangéliques récusées par les catholiques extrémistes.

 

Abandonnés par les médias, il ne leur reste pour exister que les vociférations sur leurs sites contre la société en général et les autres croyants en particulier.

 

En ce début de Carême, le moment n'est-il pas propice à un examen de conscience ouvrant au sacrement de la réconciliation que propose l'Église catholique en cette année de la miséricorde ?

 

Jean-Paul Blatz

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Rédigé par jonasalsace

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